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Et seul au vol d’un trône ayant su me forcer,
Je ne l’ai fait du moins que pour vous y placer.

camma.

Et lorsqu’à cet excès monte votre injustice,
Vous trouvez glorieux de m’en rendre complice,
Et ce parfoit amour qui cherche à m’obliger
Ne le peut qu’en m’offrant son crime à partager ?
Qu’ici nos sentiments diffèrent l’un de l’autre !
Vous trahissez ma gloire, et j’ai soin de la vôtre,
Et quand pour m’abaisser vous m’offrez votre foi,
Je cherche à faire en vous un légitime Roi.
Qu’à ces vives clartés votre aveuglement cesse,
Pour mériter le trône, épousez la Princesse,
Et lui rendant des vœux à sa flamme échappés,
Possédez justement ce que vous usurpez.

Sinorix.

Si j’en formai pour elle, on ne les vit paroître
Que quand mon cœur pour vous n’osoit se bien connoître,
Et que son zèle ardent par un adroit détour
Cédait à mon devoir les soins de mon amour.
Ce cœur en qui l’espoir eut été lors un crime
Ne vit qu’elle après vous digne de son estime,
Et pour ce triste hymen, mal instruit de mon feu,
Sinatus le pressant, il donna son aveu ;
Mais si tôt que sa mort laissant agir ma flamme,
Du secret de mes vœux eut dégagé mon âme,
Libres dans leur hommage, il leur fut assez doux
D’être encore en état de s’expliquer pour vous.
Ainsi ce qu’ils cachoient se fit bientôt connoître,
Je parus inconstant afin de ne pas l’être,
Et fis voir qu’à mon feu, pour s’oser exprimer,
Il manquoit seulement que vous pussiez aimer.
Vous le pouvez, Madame, et de vos vœux maîtresse…

camma.

Non, non, c’est présumer en moi trop de foiblesse,