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D. DIÉGUE à Isabelle.

Enfin, dans le bonheur qu’ici le Ciel m’envoie,
Un mot de votre bouche achèveroit ma joie ;
Madame, Dom Félix, dont j’attens le retour…

ISABELLE.

Vous m’avez, pour répondre, accordé plus d’un jour ;
Suffit que je l’estime, & que je ne puis taire
Que la sœur, près de moi, peut beaucoup pour le frere.

D. DIÉGUE.

Je ne demande rien après ce doux espoir.

D. JUAN.

Il ne nous reste plus que Guzman à pourvoir ;
C’est à lui de choisir entre les deux Suivantes.

GUZMAN.

Ah ! Béatrix.

BÉATRIX.

Ah ! Béatrix.Hé bien, est-ce fait ?

GUZMAN.

Ah ! Béatrix.Et bien, est-ce fait ?Tu me tentes ;
Et, si je m’arrêtois à jeter l’œil sur toi,
Le diable pourroit bien être plus fin que moi.

BÉATRIX.

Quoi, tu doutes ?

GUZMAN.

Quoi, tu doutes ?Vois-tu ? L’hymen dont tu me pries
Doit durer un peu plus que tes friponneries.
Pour un bail de six mois je pourrois hazarder ;
Mais ma foi, pour toujours, Dieu m’en veuille garder.
Tous ces friands attraits qui parent ton visage,
Sont meubles de haut prix mal propres au ménage ;
Et je tiendrois heureux qui les doit posséder,
S’il ne falloit toujours que voir & regarder.
Mais, chere Béatrix, qui sous l’hymen se range,
Fait tout comme un autre homme, il boit encor & mange.
Partant, Jacinte, tiens.