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Mais vous pourriez, madame, à l’éclat d’un beau feu
Avec moins de mépris refuser votre adieu.
Quoi que vous fasse croire une fierté trop prompte,
Un héros tel que lui vous feroit peu de honte.
De cent nobles travaux ce grand titre est le prix,
Tout est illustre en lui.

PLACIDIE

Mais il est votre fils,
Et si j’ose estimer ce qu’il mérite d’être,
Je vois ce que le ciel l’a voulu faire naître.

Stilicon

Ce qu’il est né, madame…

PLACIDIE

Enfin n’en parlons plus,
Je hais sur ce sujet les discours superflus.
Si ma fierté vous blesse, il faut peu vous contraindre.
L’empereur vous écoute, et vous pouvez vous plaindre ;
Mais si vous m’en croyez, faites-lui concevoir
L’indignité des vœux dont il flatte l’espoir ;
Non qu’après mon refus je craigne sa puissance,
Mais la faveur changeant lors que moins on y pense,
Je craindrois que mon cœur plein d’un juste courroux
Ne s’abaissât assez pour se venger de vous.


Scène VI


Stilicon, Mutian.

Stilicon

Et tu voudras encor qu’après un tel outrage
De mon ressentiment je contraigne la rage,
Et que craignant l’horreur qui confond les ingrats
Aux intérêts d’un fils je refuse mon bras ?
Non, non, puisque de moi, quelque honneur où j’atteigne,
Part la source du sang qui fait qu’on le dédaigne,