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Il faut qu’il soit versé, ce sang lâche et timide,
Qui trembla si longtemps pour un seul parricide,
L’avoir trop différé mérite le trépas,
Et je le punirois de ne me punir pas.

OCHUS

Gardes, qu’on le réserve aux plus cruels supplices.

 
Mégabise rentre, et Ochus continue à parler à Darius.

Vous, à qui jusqu’ici j’ai fait tant d’injustices,
Et comme Codoman, et comme Darius,
Voudrez-vous oublier un indigne refus ?
Quand je vous devrois tout, ma fausse défiance…

DARIUS

Ah, ne poursuivez point un discours qui m’offense.
Si du vrai Darius vous craignez les desseins,
Prévenez-en l’effet, sa vie est en vos mains.
Disposez-en, Seigneur, vous en êtes le maître.

OCHUS

Nous n’aurons rien à craindre après la mort d’un traître,
Mais à tant de vertu pour répondre à mon tour,
Est-ce assez de l’hymen que pressoit votre amour ?
Est-ce assez que ma Fille en soit la récompense ?

DARIUS

C’est assez qu’un grand Roi me souffre l’espérance,
Pourvu que ma Princesse, exorable à mes vœux,
D’une heureuse union approuve les doux nœuds.
Ai-je montré, Madame, une flamme assez pure ?

STATIRA

Aussi vous me voyez obéir sans murmure.