D’un nom dont l’attentat semble ternir la gloire
Je ne veux qu’effacer une tache trop noire,
Et m’en croirois indigne à plus souffrir l’abus
Qui laisse en criminel condamner Darius.
Il faut, s’il doit tomber, que ce soit en victime,
Qu’on l’immole à ma gloire, et non pas à ton crime,
Et qu’à tout l’Univers son vrai sort découvert,
Montre que sa naissance est tout ce qui le perd.
Mes vœux sont exaucés enfin, et la Nature…
Quoi, tu refuserois de voir son imposture ?
Surpris de ton courroux, tantôt pour l’apaiser
Il venoit me trahir, il venoit m’accuser,
Et quand il voit le Peuple armé pour ma défense,
Contraindre ta fureur, étonner ta vengeance,
Il peut impunément, pour te réduire au choix,
Me voler ma naissance, et contester mes droits ?
Tout est bien concerté si sa fourbe est soufferte.
Respecte ma vertu si tu poursuis ma perte.
Ce que j’ai dit tantôt a trop su t’abuser,
Je voulois me trahir, et non pas t’accuser.
Oui, Seigneur, mon amour n’espérant plus de grâce,
J’en venois par ma mort justifier l’audace,
Et mes superbes vœux vous font de sûrs garants
Du sang dont je me vante, et du nom que je prends.
Oui, sans doute, ce sont des garants légitimes.
Si je ne les crois pas, en croirai-je tes crimes.
Puisqu’à mon lâche Peuple il faut un Darius,
Le pouvant contenter, je ne le craindrai plus.
Espère, espère encor échapper à ma haine.
Et tu crois qu’à ce choix il souscrira sans peine,
Et que de mon destin s’étant fait protecteur,
Pour le vrai Darius il souffre un Imposteur ?