Plus que m’arracher l’âme,
Puisque de Mégabise il me doit rendre Femme.
Vous ? Ma Princesse, vous ?
Il n’est rien plus certain.
Quoi, le Roi…
Me condamne à lui donner la main.
Et vous obéirez ?
J’obéirai sans doute
Quelques rudes tourments que cet effort me coûte,
Puisqu’aux cœurs les mieux nés l’amour sert de bourreau,
Quand il faut l’étouffer pour aimer de nouveau.
Je le vois bien, Madame ; un peu de violence
Qu’il faut faire à vos vœux pour cette obéissance,
Et deux ou trois soupirs échappés malgré vous
Vengeront Codoman du bonheur d’un Époux.
Que la constance est rare, et le pouvoir extrême,
Qui vous laisse si bien disposer de vous-même,
Que toujours au devoir prête à vous conformer,
Vous acheviez sur l’heure, et commenciez d’aimer !
Pour moi, qui sans qu’ailleurs mon triste sort m’engage,
N’aurois qu’à n’aimer plus pour en braver l’outrage,
Ce remède à mon cœur offre tant à souffrir
Qu’avant que l’essayer je consens à mourir.
Heureux, dans un malheur qui n’en souffre point d’autres,
Si mon dernier soupir rencontroit un des vôtres,
Et forçoit ma Princesse en ce fatal moment
A moins aimer l’Époux, pour mieux plaindre l’Amant.