D’un semblable discours que faut-il que je pense ?
Qu’en vain pour Statira vous perdez l’espérance,
Et que pour vous promettre ou refuser sa foi,
Ochus n’est que son Père, et Darius son Roi.
Quoi ? Vous connoissez donc…
Oui, je puis bien connoître
Sous quel Astre fatal son malheur le fit naître,
Si Tiribase, hélas !
Vous m’en dites assez,
Je ne demande plus si vous le connoissez ;
Mais j’atteste les Dieux qu’à taire sa naissance…
Non, non, je n’ai de vous aucune défiance,
Et vos serments en vain cherchent à m’assurer
D’un cœur à qui le mien aime à se déclarer.
Admirez seulement quelle rare conduite
A su de mon Tyran arrêter la poursuite,
Et par ma fausse mort l’abuser à tel point,
Qu’il croit ma vie un songe, et ne s’en émeut point.
Quoi, que me dites-vous ?
Ce que je dois vous dire,
Qu’Ochus jura ma mort pour s’assurer l’Empire,
Et qu’à me la donner Tiribase commis,
M’ayant sauvé le jour, me fit croire son Fils.
Vous êtes Darius ?
Oui, ce Darius même
Sur qui la tyrannie usurpe un Diadème.
Mais c’est trop voir régner un lâche au lieu de moi,
Il faut rendre aux Persans leur véritable Roi.