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Quoi que tente l’envie en sa plus forte rage,
L’Égypte, l’Arménie en rendront témoignage,
De mes nobles travaux ce sont les dignes fruits.
Voilà dans mon néant, Seigneur, ce que je suis.

OCHUS

Ma bonté jusqu’au bout t’a voulu faire grâce
Souffrant de ton orgueil la criminelle audace,
Ne me reproche point que tu m’as couronné,
Je te rends plus ici que tu ne m’as donné,
Et puisque de ta mort elle n’est point suivie,
Insolent, souviens-toi que tu me dois la vie.


Scène IV


DARIUS

Ah ! Puisqu’elle m’attire un outrage si bas,
Ta pitié m’est cruelle à ne me l’ôter pas.
Non, non, il n’est plus temps de cacher ta naissance ;
Achève de te perdre, ou brave sa puissance,
Malheureux Darius, et déclarant ton sort,
Mérite, ou la Princesse, ou l’arrêt de ta mort,
L’honneur te le commande, et l’amour t’y convie.
Insolent, souviens-toi que tu me dois la vie !
Ah ! Cette indignité ne se sauroit souffrir,
Éclatons ; il nous faut ou régner, ou périr.
Mais hélas ! Où m’emporte une aveugle colère !
J’adore Statira, c’est son Roi, c’est son Père.
À quelles dures lois me faut-il obéir !
Je ne le puis aimer, et n’ose le haïr,
Et lorsque contre lui Darius s’intéresse,
Il trouve à son secours l’Amant de la Princesse.
Tu l’emportes, Amour, et mon cœur est d’accord
De m’offrir pour victime à qui cherche ma mort.
Allons sans rien tenter après un coup si rude
Convaincre cet ingrat de son ingratitude,