Et que s’intéressant à tant de maux soufferts,
Son zèle n’aspiroit qu’à venger l’Univers.
Mais si de ce poison la vertu foible ou lente
À le perdre assez tôt se trouvoit impuissante,
L’abandonner ainsi c’est servir son courroux,
Et lui donner moyen de s’armer contre nous.
Et de peur qu’à le voir vous ne fussiez surprise
Sachant qu’il a dessein de vous entretenir,
Pour vous y préparer j’ai dû le prévenir.
Je me retire donc pour éviter sa vue.
C’est contre moi surtout que sa rage est émue,
Et quand je vois son sort si prêt de s’achever,
M’exposer à ses yeux ce seroit le braver.
Scène II
Quel chagrin dans ton cœur marque un secret supplice ?
Vient-il ou de sa perte ou de mon injustice ?
Son malheur ou le tien causent-ils ton ennui ?
Soupires-tu pour toi ? Soupires-tu pour lui ?
Quoi que vous ordonniez du beau feu qui m’anime,
Déjà dans mon respect je crois tout légitime,
Mais je dois avouer, puisque vous m’en pressez,
Que je plains en secret ce que vous haïssez.
Tout barbare et cruel que l’Empereur puisse être,
Si j’y vois un Tyran, j’y vois toujours mon Maître,