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Voudras-tu l’accepter ? C’est moi qui t’en conjure.
Renonce à ta fierté, j’oublierai mon injure,
Ma passion m’en presse, et pour y consentir
Ce cœur, quoi qu’outragé, ne veut qu’un repentir.

HELVIE

Tu triomphes,
COMMODE
, et ce que peu flexible

Ma haine auparavant n’auroit pas cru possible,
Tu me réduis au point de n’en voir la fureur,
Que pour haïr mon crime, et pour en prendre horreur.
Mon cœur le conçoit tel, que les plus rudes gênes
Pour l’expier assez semblent manquer de peines.
Emploie à m’en punir tout ce qu’ose le tien,
Ayant tout mérité je ne refuse rien.

COMMODE

Ah, que je trouverois de quoi me satisfaire
Si j’osois m’assurer que tu fusses sincère,
Et que ta trahison te fît assez d’horreur
Pour te coûter ta haine, et m’acquérir ton cœur !

HELVIE

Va, pour ton intérêt ainsi que pour ma gloire
Je te veux bien ici donner lieu de me croire,
Et te mettre en état, si tu t’es trop flatté,
De n’abuser jamais de ma sincérité.
Je te la montre entière en m’avouant coupable,
Non d’avoir voulu perdre un Tyran détestable,
Non d’avoir attenté sur tes jours odieux,
Mais d’avoir pu manquer un coup si glorieux,
De n’avoir su fournir au courroux qui m’enflamme
Dans un cœur tout Romain que le bras d’une Femme,
D’avoir vu sous le tien son effort avorter,
Et mérité la mort qu’il te vouloit porter.

COMMODE

Quoi, ta fierté s’élève à tel point d’insolence
Que tu fais gloire encor de braver ma clémence,
Et d’une audace impie armant ton cœur ingrat
Tu pousses ta fureur par delà l’attentat ?
Au moins si mon amour ne peut fléchir ta rage,
Sachant qu’il est des Dieux, respecte leur image,