Je dois à la Nature un effort si funeste ;
Promettez tout, les Dieux disposeront du reste.
Madame…
Allez, de grâce, et me laissez du moins
Dans un sort si cruel soupirer sans témoins.
Scène IV
Madame, ce triomphe obtenu sur vous-même
Sans doute auprès des Dieux sera d’un prix extrême,
Et contre votre espoir en obtiendra pour vous
Du plus heureux destin le revers le plus doux.
Que le mien s’adoucisse ! Hélas ! Que veux-tu croire ?
Qu’à se faire obéir l’Empereur met sa gloire,
Et que se contentant de vaincre vos refus,
S’il voit vos vœux soumis, il ne pressera plus.
Que tu le connois mal d’en juger de la sorte !
Toujours dans un Tyran l’injustice l’emporte,
Au plus foible remords d’un juste repentir.
De quel fatal effet sa rigueur est suivie !
Il m’ôte jusqu’au droit d’attenter sur ma vie,
Et quelques rudes maux qu’on m’apprête à souffrir
C’est un crime pour moi que de vouloir mourir.
Où me réduisez-vous, ô devoir, ô nature ?
De vos sévères lois mon cœur en vain murmure,
Il faut vivre en dépit de mon noble courroux.
Ô nature, ô devoir, où me réduisez-vous ?