Et qui pour soutenir une aimable fierté
Mêle plus de douceur à plus de majesté ?
Peu l’égalent sans doute.
Ajoute, si je l’aime,
Qu’un mérite parfoit veut un amour extrême.
Enfin pour lui porter cet aveu glorieux,
Va charmer ses désirs avec cette nouvelle,
Plus le bonheur est grand, plus la surprise est belle,
Contre toute apparence on aime à s’élever.
Mais loin de m’applaudir qui t’oblige à rêver ?
Un scrupule, Seigneur, qui fait que j’appréhende
Que difficilement son esprit ne se rende,
Puisque, de quelque espoir que j’ose la flatter,
L’exemple de sa sœur la peut inquiéter.
Si par là de ma flamme elle craint l’inconstance,
Tu peux d’un prompt hymen lui laisser l’assurance,
Et lui jurer pour moi qu’à son choix dès demain
Elle me verra prêt à lui donner la main.
Juge alors si sa joie aura lieu de paroître.
Mais pour voir son estime en ta faveur s’accroître,
Dis lui que c’est par toi que j’ai connu l’erreur
Qui m’a fait si longtemps lui préférer sa sœur,
Je l’avouerai moi-même, et veux qu’aucun ne doute
Que dans ce nouveau choix c’est toi seul que j’écoute.
Mais, Seigneur…
Quoi, ton âme avec peine y consent ?
Ou crois-tu son audace injustement punie.