Scène IX
Que ne vous dois-je point, Guerrier incomparable ?
Vous faites avorter les desseins d’un coupable,
Et rendez aujourd’hui par un heureux secours,
Et le calme à l’État, et la gloire à mes jours.
Cette reconnoissance est trop pour Philoxène.
À qui combat pour vous la victoire est certaine,
Et la mienne, Seigneur, perd d’autant de son prix
Qu’il l’a fallu souiller du sang d’Anaxaris.
Son hymen résolu marquoit la haute estime…
Après son attentat sa mort est légitime,
Et ma sœur n’en sent pas le coup si vivement,
Que dans un criminel elle plaigne un amant.
Ses vœux dans leur fierté n’ayant pu vous déplaire,
J’aurois cru faire un crime à leur être contraire ;
Mais malgré ce respect qui soutenoit ma foi,
Je n’estimois en lui que le choix de mon Roi.
Tant de vertu, ma sœur, aura les Dieux propices.
À Philoxène.
Vous, de qui le grand cœur signale les services,
Attendant que le temps ordonne de leur prix,
Prenez auprès de moi le rang d’Anaxaris.