Quoi ? De votre bonheur se montre-t-on jaloux ?
La crainte suit l’amour, jugez de moi par vous.
Pour faire que la mienne heureusement finisse,
Puis-je de votre zèle attendre un bon office ?
Dans l’heur de vous servir je trouve un doux emploi.
Vous agirez pour vous en travaillant pour moi.
Le Roi pour votre hymen a choisi la journée
Qui doit voir la Princesse en pompe couronnée,
Et prévenant des vœux qui craignoient d’éclater,
De l’espoir de sa main il daigne me flatter.
Philoclée y répond avec assez d’estime,
Le choix lui semble juste, et l’espoir légitime ;
Mais pour y consentir elle veut s’assurer
De la sincère foi que j’ai su lui jurer,
Et pouvoir se répondre, avant qu’elle s’engage,
Qu’à son mérite seul je rends un libre hommage.
Vous, à qui de mon cœur le secret est connu,
Chassez du sien l’abus dont il est prévenu.
Assurez-la pour moi que jamais dans une âme
L’amour ne répandit une si pure flamme,
Que son Sceptre n’a rien qui me puisse charmer,
Qu’elle ne doit qu’à soi ce qui la fait aimer,
Et qu’à mes yeux enfin d’elle seule estimable,
Elle seroit sans trône également aimable.
Que vous êtes heureux d’avoir ces sentiments !
La vertu les inspire au cœur des vrais Amants.
L’usage en est fâcheux.
La gloire en est plus grande.
Mais obtiendrai-je enfin ce que je vous demande ?