Cléophis votre père !
Il n’est rien plus certain,
Mais l’intérêt du Roi presse un juste dessein.
Allez, et l’assurez que pour dernier service
Je lui rends un aveu qui perdoit Bérénice.
Non, je me souviens trop de ce que je vous dois
Pour faire moins pour vous que vous fîtes pour moi.
Philoxène cru Prince, en son amour extrême,
À la fille d’Araxe offrit un Diadème,
Et par elle aujourd’hui je me tiens glorieux
De pouvoir réparer l’injustice des Dieux.
C’est par ce billet seul qu’on la peut reconnoître.
Pour m’acquitter vers vous je vous en fais le maître ;
Gardez ce grand secret, et sans vous étonner
Achevez un hymen qui vous doit couronner.
Vous êtes digne d’elle, et sans trop d’injustice…
Ah, c’est blesser ma gloire autant que Bérénice.
Quand elle a droit au trône, un intérêt honteux
Pourroit porter ma flamme à le rendre douteux ?
Non, si fille d’Araxe elle y monte sans peine,
On la désavoueroit Femme de Philoxène,
Et les Grands indignés d’un trop injuste choix,
Croiroient trahir l’État d’en recevoir des lois.
J’assure sa grandeur à vous en faire Maître.
C’est ce que la Phrygie auroit peine à connoître.
Ôtons-lui le pouvoir de refuser son bien.
Couronnons Bérénice, et ne hasardons rien.
Mais étant Étranger, si l’on sait sa naissance,
Quoi qu’elle ose pour vous, quelle est votre espérance ?