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Ce n’est pas qu’en effet je cédasse sans peine
Quand le ciel à mes yeux n’offroit que Cléomène,
Mais bientôt le respect a su régler ma foi
Quand dans ce Cléomène il m’a fait voir un roi.

TIMOCRATE.

Ô rival généreux pour qui son grand ouvrage
Rend même une couronne un trop foible partage !
Vous n’envierez jamais la fortune d’un roi
Si vous êtes content de régner avec moi.
Mais vous, madame, enfin, êtes-vous satisfaite ?
Je vous avois promis la couronne de Crète,
Et quand avec mon cœur je la mets à vos pieds,
Ai-je à craindre aujourd’hui que vous la refusiez ?
Ce cœur vous déplaît-il, offert par Timocrate ?

ERIPHILE.

Je lui dois trop, seigneur, pour vouloir être ingrate,
Et quand nous aurions droit encor de le haïr,
Le vainqueur a parlé, c’est à nous d’obéir.

TIMOCRATE.

Donc pour rendre ma gloire encore plus certaine,
À l’un et l’autre peuple allons montrer sa reine,
Et bénissons le ciel qui fait voir en ce jour
Que la plus forte haine obéit à l’amour.