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Scène VIII


La Reine, Timocrate, Eriphile, Nicandre, Trasille, Arcas, Doride, Cléone.

TRASILLE.
, à Timocrate.

Tout est à vous, Seigneur,
Et le ciel favorable à ma juste prière
Prévient par moi le mal que j’ai pensé vous faire.
Argos est sous vos lois, et son peuple soumis,
En autant de sujets change vos ennemis,
Après ce qu’il vous doit, il n’aura pas de peine…

TIMOCRATE.

Trasille, ce discours fait outrage à la reine,
Et c’est mal lui prouver que mes vœux les plus doux
N’ont jamais aspiré qu’à vaincre son courroux.
De nos armes enfin quel que soit l’avantage,
De toute cette gloire il faut lui faire hommage,
Et mettant sa couronne et mon sceptre à ses pieds…

LA REINE.

Ah, prince, voyez mieux où vous m’engageriez.
Contrainte à redouter la colère céleste,
Cet hommage accepté vous deviendroit funeste.
Les dieux ont attaché ma vengeance à mon rang,
Et, reine, mes serments leur devroient votre sang.
Prenez donc ma couronne, elle est votre conquête ;
Par son nouvel éclat assurez votre tête,
Et, me laissant sujette, affranchissez mon sort
De la nécessité de vouloir votre mort.

TIMOCRATE.

S’il vous faut à ce prix racheter votre haine,
Pour dispenser vos lois daignez faire une reine,
Et demeurant toujours dans un pouvoir égal
Laissez à la princesse un titre si fatal :