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CLÉOMÈNE.

Ah ! C’en est trop enfin, parlez !

TRASILLE.

Je me retire,
Et n’en ai que trop dit pour avoir rien à dire ;
Mais si j’ai découvert ce qu’il falloit cacher,
Vous aurez peu, seigneur, à me le reprocher.


Scène VII


La Reine, Cléomène, Arcas, Doride.

LA REINE.

Qu’ai-je ouï, dont mon cœur n’ose avouer ma haine ?

CLÉOMÈNE.

Ce que veut encor mieux expliquer Cléomène.
Enfin, madame, enfin c’est trop dissimuler
Un secret que l’honneur me force à révéler ;
Après tant de contrainte, il est temps qu’il éclate :
Cléomène n’est plus, connoissez Timocrate,
Ce roi qui, pour vous plaire et vainqueur et vaincu,
Vous vient faire raison du trop qu’il a vécu.
Pour rendre à mon amour votre haine propice,
J’ai d’un fantôme vain emprunté l’artifice ;
C’est par mon prisonnier que Nicandre abusé
A pris pour Timocrate un vainqueur supposé,
Et qu’avec ce fantôme ayant changé mes armes,
Ma fausse prise aux miens n’a point causé d’alarmes.
Mais le vrai roi de Crète enfin vous est remis :
Sa vie est en vos mains, et tout vous est permis.

LA REINE.

Quoi, d’un espoir si doux c’est donc ici la suite ?
Trop favorables dieux, où m’avez-vous réduite ?