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CLÉOMÈNE.

Il n’a pas nuis peut-être aux intérêts Argos.

NICANDRE.

L’état qui balançoit dessus le choix d’un maître
Se plaint du long refus qu’il a fait de paroître :
Vous lui pouviez plutôt épargner ce souci.

CLÉOMÈNE.

J’eus mes raisons alors pour en user ainsi.

NICANDRE.

La couronne pourtant est toujours belle à prendre.

CLÉOMÈNE.

Je tâche à mériter avant que de prétendre.

NICANDRE.

De ce que vous valez nous étions trop instruits.

CLÉOMÈNE.

Pas tant qu’il ne fallut montrer mieux qui je suis.

NICANDRE.

Dans vos premiers exploits éclate tant de gloire…

CLÉOMÈNE.

J’avois lieu de douter qu’on les en voulut croire.
Vous pouviez éclaircir le rang que vous tenez.

CLÉOMÈNE.

La naissance est l’appui des courages mal nez.

NICANDRE.

Vous vous obstinez bien au secret de la vôtre ?

CLÉOMÈNE.

La conduite de l’un n’est pas celle de l’autre,
Et comme on peut agir par divers intérêts,
Selon l’occasion chacun a ses secrets.

NICANDRE.

J’imaginois au vôtre un peu moins d’importance.

CLÉOMÈNE.

Peut-être qu’elle va plus loin que l’on ne pense.

NICANDRE.

La reine vous doit trop pour rien examiner.

CLÉOMÈNE.

J’ai fait ce que l’honneur me sembloit ordonner.