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Et que sa tyrannie osant trop s’élever,
Jusques dans mon cœur même il cherche à me braver.
Oui, dieux, de cet état protecteurs redoutables,
Des serments violez vengeurs impitoyables,
Pour obliger ma haine à ne fléchir jamais,
Oyez-moi répéter ceux que j’ai déjà faits.
Tant que reine en ces lieux j’aurai quelque puissance,
Si de hâter sa mort mon devoir se dispense,
Puisse votre courroux par de justes fureurs
Exposer tout Argos aux dernières horreurs,
Et par une vengeance aussi juste qu’entière
N’y laisser voir par tout qu’un vaste cimetière !
Mais d’où vient ce grand bruit qui, poussé jusqu’aux cieux,
Par des cris redoublez fait retentir ces lieux ?

DORIDE.

Madame, permettez pour vous tirer de peine…


Scène VI


La reine, Nicandre, Cléomène, Arcas, Doride.

LA REINE.

J’en connois le sujet en voyant Cléomène !
Il vit, il vit encor, et le peuple à le voir
Par ces marques de joie explique son espoir :
De son retour sans doute il prend droit de renaître.

CLÉOMÈNE.

Il est vrai qu’à me voir sa joie a su paroître,
Mais, madame, elle est due au surprenant revers
Qui sauvant cet état met Timocrate aux fers.

LA REINE.

Que dites-vous, ô dieux ?