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Et pour vous les cacher je vais loin de vos yeux
En offrir le spectacle en sacrifice aux dieux.

LA REINE.

Ah, loin que leur colère en puisse être apaisée…
Mais dieux, que vois-je ? Arcas, m’aviez-vous abusée ?


Scène V


La Reine, Nicandre, Arcas, Doride.

NICANDRE.

Non, madame, et le sort qui me poursuit toujours
En me tirant des fers m’en donne de plus lourds.
De quelque doux espoir que mon retour vous flatte,
Aimerez-vous un bien qu’on doit à Timocrate,
Et vous résoudrez-vous dans un malheur si grand
À vous servir d’un bras qu’un ennemi vous rend ?
M’ayant fait prisonnier, c’est lui qui me renvoie.

LA REINE.

Quelle amertume, ô dieux, versez-vous sur ma joie ?

NICANDRE.

Et je sens d’autant plus l’aigreur de ce revers
Que sans condition il a brisé mes fers :
Jugez à quel effort tant de vertu m’engage.

LA REINE.

Quoi, de Trasille pris nous laisser l’avantage,
Et ne l’arracher pas à ce lâche destin
Qui d’un règne éclatant précipite la fin ?

NICANDRE.

Vous la craignez en vain si vous l’en pouvez croire.
Ma prise avoit à peine affermi sa victoire,