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ERIPHILE.

Hélas, ! S’il étoit tel qu’il put flatter ma peine,
J’aurois ouï déjà le nom de Cléomène,
Et, comme à ses rivaux je crains de trop devoir,
Après Trasille pris, je n’ai rien à savoir.

CLÉONE.

Au moins à son défaut, si j’ai su vous entendre,
Vous souhaitiez tantôt l’avantage à Nicandre,
Et c’est par sa valeur que Trasille soumis
Semble semer l’effroi parmi nos ennemis ;
Leur courage déjà s’allentit par sa prise,
Et pour peu qu’aujourd’hui le ciel nous favorise,
J’ose presque augurer de ces premiers exploits
Que nous verrons dans peu la Crète sous vos lois.

ERIPHILE.

Avant que mon espoir sur ton zèle s’assure,
Apprenons si la reine en avouera l’augure.


Scène III


La Reine, Eriphile, Doride, Cléone.

ERIPHILE.

Madame, enfin les dieux, se déclarant pour nous,
Semblent flatter nos maux d’un espoir assez doux,
Et j’allois vous jurer…

LA REINE.

Ah, ma fille !

ERIPHILE.

Madame,
Que dois-je présumer du trouble de votre âme ?

LA REINE.

Que loin qu’un juste espoir puisse adoucir nos maux,
Je viens te préparer à des malheurs nouveaux.