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Démochare sans lui tomboit en ma puissance :
Son bras seul l’a soustroit à ma juste vengeance,
Et ce seroit trahir les mânes d’un époux
Que d’écouter pour lui des sentiments plus doux.
À ces mânes sacrés je le dois pour victime ;
Qui sauve un criminel se charge de son crime,
Et j’atteste aujourd’hui les dieux nos souverains
Qu’il payera de son sang s’il tombe entre mes mains.
Oui, tant que dans ces lieux j’aurai le nom de reine,
Si d’autres intérêts affaiblissent ma haine,
Puissent ces dieux vengeurs, pour le dernier des maux,
Sous les lois de la Crète assujettir Argos.
Cependant, si ma fille a pour vous quelques charmes,
Princes, pour l’acquérir il faut prendre les armes,
Et livrant Timocrate à mon juste courroux,
Régler enfin mon choix qui balance entre vous.
Outre qu’à cet effort la gloire vous convie,
Sa main sera le prix de qui m’aura servie,
Et de mon ennemi couronnant le vainqueur,
Par mon ordre aussitôt fera suivre le cœur.

LEONTIDAS.

Madame, permettez à l’amour qui m’en presse
D’aller sur cet espoir consulter la princesse.

LA REINE.

Allez, et l’assurez que le bien de l’État
Va porter ma réponse à l’offre du combat.


Scène IV


Nicandre, Cléomène.

NICANDRE.

De vous-même à vous-même enfin puis-je me plaindre ?
À souffrir votre avis j’ai voulu me contraindre,
Et quoi qu’il ruinât mon espoir le plus doux,
Je n’ai pu me résoudre à parler contre vous.