Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène III


La Reine, Cresphonte, Léontidas, Nicandre, Cléomène.

Elle donne la main à Cresphonte.

LA REINE.
, à Cresphonte.

J’estime votre zèle,
Prince, mais ce dessein me rendroit criminelle,
Et je dois redouter la colère des dieux.

CRESPHONTE.

Seront-ils contre vous pour un ambitieux ?

LA REINE.

Quels que soient ses projets, s’ils méritent leur foudre,
Leur justice sans nous en saura bien résoudre.
Quand vous aurez parlé, nous verrons quels avis
Dans cette occasion doivent être suivis.
La reine se sied et fait seoir les princes et Cléomène.
Nobles et chers appuis d’une illustre couronne
Dont la gloire à vos soins aujourd’hui s’abandonne,
Vous qui contre la Crète en portez la splendeur,
Répondez par ma bouche à son ambassadeur.
Si je veux par la paix éloigner la tempête,
Ma fille d’un tyran doit être la conquête,
Et par son hymen seul, dont je frémis d’horreur,
Je puis de Timocrate apaiser la fureur.
Pour soutenir d’Argos la gloire toute entière,
Ici de vos conseils j’attends quelque lumière :
Parlez donc, et sans fard résolvez avec moi
Ce que de bons sujets doivent au sang d’un roi.

CRESPHONTE.

C’est par ce sentiment que je m’obstine à dire
Que, quoi que la vengeance à votre cœur inspire,