Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout fait jour, tout nous cède, il se retire, il fuit.
Enflés de ce succès, nous en cherchons le fruit,
Et maîtres en dix jours de la moitié de l’île,
Nous l’allions assiéger dans sa dernière ville,
Si, cherchant à périr du moins avec éclat,
Il ne fût pas venu nous offrir le combat.
Il se donne sanglant, et déjà, pleins de gloire,
Nous cherchions par sa prise une entière victoire,
Quand nous voyons de loin, pour en rompre le cours,
Des escadrons épais voler à son secours.
Soudain à cet aspect son camp de joie éclate,
En suite l’on entend le nom de Timocrate,
Dont l’imprévu retour nous surprend à tel point
Qu’il jette le désordre où je n’en craignois point.

CLÉOMÈNE.

Quoy, ce fut lui, seigneur…

NICANDRE.

Oui, le pourrez-vous croire ?
Lui seul nous sut des mains arracher la victoire,
Et pour vous achever notre honte en deux mots,
Il nous fallut de nuit regagner nos vaisseaux.
Jugez si Démochare après cette retraite
Différa contre nous d’armer toute la Crète ;
Mais quand de sa vengeance il croit être témoin,
Sa mort à Timocrate en laisse tout le soin.
Alors ce nouveau roi se déclare sans peine
Ainsi que de son sceptre héritier de sa haine,
Et sa flotte en nos bords nous défend désormais
D’adoucir nos malheurs par l’espoir de la paix.
Mais la reine paroît.