Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène II


Nicandre, Cléomène, Arcas.

CLÉOMÈNE.

Seigneur, il m’est bien glorieux
Qu’on se souvienne encor de mon nom en ces lieux,
Et qu’en le prononçant un grand prince m’assure
Qu’il sait avec bonté pardonner une injure.
Être parti sans ordre, et quittant cette cour…

NICANDRE.

Ce crime est effacé par votre heureux retour,
Ou, s’il est ordonné que l’on vous en punisse,
Embrasser Cléomène en sera le supplice.

CLÉOMÈNE.

Ah, seigneur !

NICANDRE.

Mais au moins, dans l’heur de vous revoir,
Ne me refusez pas ce que je dois savoir.
Si votre éloignement nous parut un peu rude,
Je n’en pus accuser que notre ingratitude,
Puisque par vous deux fois cet État défendu
Ayant reçu beaucoup, vous avoit peu rendu.
Parlez donc, Cléomène, et si dans cet empire
Il est quelques honneurs où votre cœur aspire,
Pour réparer l’outrage…

CLÉOMÈNE.

Ah, de grâce, Seigneur,
Arrêtez un discours qui blesse mon honneur !
Si l’on croit dans Argos que j’ai l’âme si basse
Qu’un intérêt honteux m’y retienne ou m’en chasse,
Peut-être y montrerai-je avant un jour ou deux
Qu’une mort éclatante est le prix que j’y veux.

NICANDRE.

Quoi, de nos ennemis souhaiter l’avantage,
Quand à nous secourir la gloire vous engage ?