Je puis vous le promettre,
Puisque l’honneur enfin semble me le permettre,
Et que sans lâcheté je ne puis à mon tour
Combattre un ennemi par qui je vois le jour.
Mais qui vous peut sitôt avoir dit la nouvelle
D’une si surprenante et secrète querelle,
Et qu’un frère mourant, pour venger son trépas
Contre cet inconnu sollicite mon bras ?
C’est ce que j’ignorois dans le malheur d’Enrique.
Pourquoi donc cette alarme et vaine et chimérique,
Et par quel mouvement vous croyez-vous permis
De craindre quelque jour de nous voir ennemis ?
Comme l’honneur peut tout et sur l’un et sur l’autre,
Si vous n’êtes le sien il peut être le vôtre,
Et par ce que j’ai su je prévois à regret…
Mais je le vois qui vient vous dire son secret,
Me tiendrez-vous parole et puis-je le prétendre ?
Doutez-vous de mon cœur ?
Laissons-les seuls, Cassandre,
Et quoi qu’ici pour nous tout soit à redouter,
Sachons leurs sentiments avant que d’éclater.
Scène III
Je me rendrai suspect sans doute de foiblesse
D’avouer qu’à regret je vous tiens ma promesse,