Par soi-même un grand cœur juge toujours d’un autre,
Mais c’est le sang d’un frère et je lui dois le vôtre.
Me soupçonneriez-vous le courage assez bas
Pour n’oser en tous lieux affronter le trépas ?
Je vous ai vu combattre, et j’avouerai sans feindre
Que je ne puis avoir d’ennemi plus à craindre.
Donc sans plus balancer c’est ici que je dois
Me montrer tel pour vous que vous êtes pour moi.
Que pensez-vous résoudre, et quelle est votre envie ?
De fuir un ennemi qui m’a sauvé la vie,
Et faire voir qu’au moins, si le Ciel l’eût permis,
Nous n’étions pas peut-être indignes d’être amis.
C’est ce qui ne se peut après la mort d’un frère.
Aussi l’éloignement est pour moi nécessaire.
Quoi, vous pourriez me fuir ?
Je fuis avec éclat,
Quand j’évite en fuyant le péril d’être ingrat.
Vous me verrez pousser ma vengeance à l’extrême,
Je vous suivrai partout.
Je vous fuirai de même.
Je saurai vous chercher.
Et moi vous éviter.
Quoi, je ne tâche ici que de vous irriter,