C’est trop, et je m’oppose à ce devoir sévère
Qui n’arrête tes yeux que sur l’affront d’un père,
Vois ce gouffre de maux où tu veux t’exposer,
Soupire en le voyant, et crains de trop oser.
Je vois tout ce que j’ose, et ma vertu se fâche
Qu’en moi vous soupçonniez rien de bas ni de lâche,
L’ardeur de vous venger remplit trop mes désirs,
Pour abaisser mon âme à de honteux soupirs.
Si mon sexe aujourd’hui m’avoit permis les armes,
Vous auriez vu du sang où vous craignez des larmes,
Mais je ferai du moins tout ce qu’il peut souffrir,
Et ne pouvant tuer, je saurai bien mourir.
Ta vertu me ravit, viens, viens, que je t’embrasse.
Croyez-vous que par là notre honte s’efface ?
Ne perdez point de temps.
Allons voir nos amis,
Et sachons quel accord me peut être permis.
Scène VII
Prenez ce temps, Dom Lope, et de peur qu’on me blâme,
Si son retour trop prompt…
Je le prendrai, Madame,
Adieu, mais prenez garde au serment que je fais,
Je vous quitte aujourd’hui pour ne vous voir jamais.