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Cliton

Tu m’aimes !

Lisette

En douter, c’est te tromper toi-même,
Tu le vois trop.

Cliton

J’ai donc la berlue en amour.

Lisette

Je soupire pour toi plus de dix fois par jour.

Cliton

C’est un grand réconfort à soulager une âme.

Lisette

Estimes-tu si peu ces marques de ma flamme ?

Cliton

C’est toujours mieux que rien, mais parlons franchement.
L’Amour, comme tu sais, est un enfant gourmand.
Et pour rassasier sa faim trop convoiteuse,
Je trouve des soupirs une viande bien creuse.

Lisette

Je perds temps avec toi, tu n’aimes qu’à jaser,
Et tes sottes raisons ne font que m’amuser.
Adieu.

Cliton

Dis-moi, ta langue est-elle mercenaire,
Et pour vingt écus d’or te voudrois-tu bien taire ?

Lisette

Au lieu d’une cent fois.

Cliton

L’effort est grand pour toi.

Lisette

J’en viendrai bien à bout, repose-t’en sur moi.
Peux-tu me les donner ?

Cliton

Oui, j’en ai charge expresse,
Si tu retiens ta langue auprès de ta Maîtresse.
Mon Maître…