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Lucie

Vous vous justifierez quand il sera besoin.
Laissez-moi seule ; ici ma gloire se hasarde,
D’un et d’autre côté je vois qu’on vous regarde,
Et dans ces lieux enfin un plus long entretien
M’est de grand préjudice, et ne vous sert de rien.

Florame

Que cette retenue est contraire à ma joie !
J’obéis, mais encor, que faut-il que je croie ?

Lucie

Que malgré la rigueur qu’à tort vous m’imputez,
Je vous estime autant que vous le méritez.

Florame

Qu’au moins un peu d’amour suive une telle estime.

Lucie

Prétendre au bien d’autrui seroit commettre un crime.
Je vous l’ai déjà dit.

Florame

Ce discours éclairci…

Lucie

Il vous paroit obscur, je le veux croire ainsi,
Mais si votre âme enfin s’en trouve inquiétée,
Vous pouvez à loisir consulter Dorotée,
Elle en sait le mystère, adieu.


Scène II

FLORAME, LICAS.

Florame

Tout est perdu.
D’où peut-elle savoir cet Hymen prétendu,
Où contre mes désirs mon Père me destine ?

Licas

Est-il rien si secret, Monsieur, qu’on ne devine ?