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Scène II

ORONTE, ERASTE, CLITON.

Oronte

Ami, je vous vois rire,
La joie est dans vos yeux.

Eraste

Et bien plus dans mon cœur.
D’une fière Beauté j’ai vaincu la rigueur,
Et contre cent mépris mon amour obstinée
Est prête enfin de voir sa flamme couronnée.

Oronte

Quoi ? Vous aimiez, Éraste, et m’en faisiez secret ?

Eraste

La vertu d’un amant, c’est d’être amant discret.

Oronte

Notre amitié s’en plaint.

Eraste

La mienne m’autorise
À vous ouvrir mon cœur avec toute franchise.
De cet aimable objet qui règle mon destin
J’ai reçu pour faveur ce billet ce matin.
Quoiqu’il semble à mes vœux promettre peu de chose,
J’ai sujet de m’en faire un bonheur par sa cause.
Quiconque écrit s’engage, ou laisse à présumer,
S’il n’aime pas encor, qu’il n’est pas loin d’aimer.

Oronte

Ainsi donc votre amour a tout ce qu’il souhaite ?

Eraste

Obtiendrai-je une grâce, et ma joie est parfaite ?

Oronte

Mes soins vous sont acquis, parlez-moi librement.