Scène II
Ami, je vous vois rire,
La joie est dans vos yeux.
Et bien plus dans mon cœur.
D’une fière Beauté j’ai vaincu la rigueur,
Et contre cent mépris mon amour obstinée
Est prête enfin de voir sa flamme couronnée.
Quoi ? Vous aimiez, Éraste, et m’en faisiez secret ?
La vertu d’un amant, c’est d’être amant discret.
Notre amitié s’en plaint.
La mienne m’autorise
À vous ouvrir mon cœur avec toute franchise.
De cet aimable objet qui règle mon destin
J’ai reçu pour faveur ce billet ce matin.
Quoiqu’il semble à mes vœux promettre peu de chose,
J’ai sujet de m’en faire un bonheur par sa cause.
Quiconque écrit s’engage, ou laisse à présumer,
S’il n’aime pas encor, qu’il n’est pas loin d’aimer.
Ainsi donc votre amour a tout ce qu’il souhaite ?
Obtiendrai-je une grâce, et ma joie est parfaite ?
Mes soins vous sont acquis, parlez-moi librement.