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J'ai toujours grand sujet de me louer de vous.

DON BERTAN.

Il est vrai, je veux bien l'avouer entre nous.
Hier transporté d'amour j'eus l'âme un peu hautaine, [1325]
Vous n'eûtes pas de moi satisfaction pleine,
Je fis trop peu d'état de votre compliment,
Vous vouliez m'honorer fort amiablement,
Venir jusqu'à Tolède avec toute la Bande,
Et c'était-là me faire une grâce fort grande, [1330]
Je devais l'accepter, je l'avoue à ce coup,
Car vous êtes brave Homme, et vous valez beaucoup,
Gracieux, obligeant ; de plus, je considère
Que vous étiez ami de feu Monsieur mon Père.
Ainsi par ses raisons, pour refaire la paix, [1335]
Vous serez de ma noce, et je vous le promets,
Prenez place au carrosse auprès de l'épousée,
Et pour rendre entre nous cette paix plus aisée,
J'aurai deux violons pour nous faire danser.
Vous êtes mon ami plus qu'on ne peut penser, [1340]
Et pour l'amour de vous je me mettrais en pièces.

DON FÉLIX.

Ce n'est pas là...

DON BERTAN.

Combien avez-vous de Maîtresses  ?
Je vous trouve bien fait, vous avez l'oeil mignon,
Et la mine surtout d'être bon compagnon.

DON FÉLIX.

Enfin venons, de grâce, au point que je désire. [1345]

DON BERTAN.

Quoi, vous auriez encor quelque chose à me dire  ?

DON FÉLIX.

Oui, de fort important, j'aurai fait en deux mots.

DON BERTAN.

Vous ne me direz rien que de fort à propos  ?

DON FÉLIX.

Vous m'en remercierez.

DON BERTAN.