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Je crois, si Don Bertran savait ce qui se passe,
Qu'il vous en pourrait faire assez laide grimace, [690]
Et que Léonor même, en ayant quelque vent,
S'en évanouirait encore plus souvent ;
Car elle vous en veut, Monsieur.

DON ALVAR.
.

La digne Amante !

GUZMAN.

Elle vous est, je pense, assez indifférente  ?

DON ALVAR.
.

Si pesante de corps, et l'esprit si léger, [695]
Soeur d'un Frère si fou, qui s'en voudrait charger  ?
Mais elle te parlait tantôt  ?

GUZMAN.

Oui, pour me dire
Qu'elle veut cette nuit vous conter son martyre ;
Qu'elle ne fermera sa porte qu'à demi,
Et que quand vous croirez Don Bertran endormi [700]
Vous alliez la trouver, elle vous fera fête,
N'y manquez pas.

DON ALVAR.
.

J'ai bien d'autres soucis en tête.

GUZMAN.

Quels  ?

DON ALVAR.
.

J'aime.

GUZMAN.

Je le sais, qu'est-ce encor, qu'avez-vous  ?

DON ALVAR.
.

Un mal beaucoup plus grand, Guzman, je suis jaloux.

GUZMAN.

Déjà  ?

DON ALVAR.
.

Ce cavalier me donne de l'ombrage [705]
Qui voulait avec nous achever le voyage.
Il ne s'est point ici rencontré sans dessein,
Sans doute un même feu nous échauffe