Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée


Que Don Félix ainsi vienne mal à propos
Jusqu'ici me déplaire, et troubler mon repos !

DON FÉLIX.

Mendoce, elle me voit.

DON GARCIE.
à Don Bertran.

C'est une affaire faite, [445]
Sa volonté se borne à ce que je souhaite.

DON BERTAN.

Je puis donc lui parler ainsi qu'il me plaira  ?

DON GARCIE.

Sans doute.

DON BERTAN.

Et mon discours...

DON GARCIE.

Soudain la charmera.

DON BERTAN.

Je m'en vais l'aborder. Ah, Madame Isabelle,
Ou bien vous êtres laide, ou bien vous êtes belle. [450]
Or si vous êtes laide, il vous faut sur ma foi
Ne montrer vos laideurs à personne qu'à moi ;
Et si vous êtes belle à bon droit j'appréhende,
Car la fragilité du sexe est assez grande.
Ainsi soit belle ou laide, et dût-on s'en moquer, [455]
C'est fort bien avisé que vous faire masquer.

ISABELLE.

L'impertinent discours! Quelle réponse y faire ?

JACINTE.

Songez-y toutefois, il l'attend.

DON BERTAN.

Ho, Beau-père,
Elle ne répond point, qui l'en peut empêcher  ?

DON GARCIE.

Contre la modestie elle craint de pécher. [460]

DON BERTAN.

Sur le point de se voir richement mariée,
L'aise la tient ainsi sans doute extasiée  ?

DON GARCIE.

Parler bien à propos est fort rare aujourd'hui.

DON BERTAN.