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Cette bague tantôt que je vous ai rendue,
C'est de sa propre main que je l'avais reçue, [1860]
Et si vous lui donnez liberté de parler,
Elle m'estime assez pour ne le pas celer.

léonard

à Lucrèce
Dit-il vrai ? L'aimes-tu ? parle sans craindre un père.

lucrèce

Puisque vous m'ordonnez de ne vous plus rien taire,
J'avouerai ma faiblesse, et que depuis un an [1865]
J'ai donné mon estime aux vertus de Don Juan.

léonard

tirant Don Fernand à part.
De grâce, Don Fernand.

léonor

Il ne le faut pas croire,
Il ne fait que fourber.

léonard

Pour conserver ma gloire
Que faut-il que je fasse ?

don fernand

Ouvrez enfin les yeux,
Et ne résistez plus aux volontés des Cieux. [1870]
Je vous en ai tantôt déjà dit ma pensée,
Que d'un semblable hymen elle était menacée :
Puisqu'un homme sans biens doit être son époux,
Pour faire un meilleur choix, où le chercherez-vous ?
Don Juan est de sang noble et d'illustre famille, [1875]
Puisqu'avec tant d'ardeur il aime votre fille,
D'un mot de votre bouche autorisant son feu
Donnez à cet Hymen un généreux aveu.

léonard

Suivant l'ordre du Ciel on ne se peut méprendre.
Embrassez-moi, Don Juan, je vous reçois pour gendre. [1880]

don juan

Ô joie inespérée ! Ô suprême bonheur !

léonor

Est-ce ainsi, Léonard, qu'on venge mon honneur ?

léonard

Le mien intéressé demandait ce remède.

léonor

{{didascalie|à Don