Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un ami par hasard te vient prendre en défaut,
Et t'oblige à tarder un peu plus qu'il ne faut, [1470]
Tu n'oses lui donner cette bourde légère :
Le Courrier est venu plus tard qu'à l'ordinaire,
J'ai long temps attendu que Monsieur eut écrit,
J'ai vu chez le tailleur s'il faisait votre habit,
Et ce que nous fournit en diverse rencontre [1475]
La peur d'être chassés, ou de recevoir monstre .
Pour moi, j'aimerais mieux et gueuser et pâtir,
Que de servir un maître et n'oser lui mentir.

philipin

D'abord ainsi qu'à toi cela m'était bien rude,
Mais on se fait à tout avec un peu d'étude. [1480]

mendoce

Tu n'oserais d'ailleurs, quoi qu'avec gens discrets,
Ny médire de lui, ni conter ses secrets,
Ou s'il arrive enfin quand sa bile le presse
Qu'à bons coups de bâton il te fasse caresse,
Tu n'oserais t'en plaindre, et dire à quelque ami [1485]
Qu'il est fantasque, et plus que Lutin et demi,
Ou si le cas échoit, avecque ses semblables
Le donner de grand coeur à trente mille diables.
Quelques coups dont jamais j'aie été régalé,
Quand j'avais fait cela j'étais tout consolé. [1490]

philipin

Le mien est indulgent.

mendoce

Facile, ou difficile,
En une belle nuit ma foi je ferais gille.

philipin

Ne saurait-il pas bien mon dessein en ce cas ?

mendoce

Autre incommodité que je ne comptais pas.
Mais où je trouve encor de grands désavantages [1495]
S'il voit dedans les coeurs et lit sur les visages,
Le moyen en servant d'amasser un téton ?
Remplit-on le gousset sans le tour du bâton ?