Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée


Cela pourrait bien être,
Sans nous trop engager tâchons de le connaître.
S'il est ainsi, Madame, il reste seulement [925]
À me faire savoir le nom de votre amant,
C'est une circonstance où vous manquez encore,
J'en dois être informé, non pas que je l'ignore,
Car enfin avouez qu'étant né de bon sang
Il a fort peu de bien à soutenir son rang, [930]
Que nous sommes tous deux environ du même âge.

léonor

Je ne le puis nier.

don fernand

à Philipin
C'est lui-même, courage.
Peut-être croirez-vous qu'avec peu de raison
Puisque je le connais je demande son nom ?
Mais si je ne l'apprends de votre propre bouche [935]
Je ne puis satisfaire au désir qui vous touche,
Notre art de ce tribut se rend un peu jaloux.

léonor

Hélas, qu'à prononcer ce nom me sera doux !
Il s'appelle Don Juan. Que faut-il encore dire
Pour obtenir de vous le bonheur où j'aspire ? [940]

don fernand

Puisque la mer enfin ne m'embarrasse plus,
Madame, il ne me reste aucun lieu de refus.
Regardez-moi l'oeil fixe.

léonor

Ô fille fortunée !

don fernand

Montrez-moi votre main. Quel jour êtes-vous née ?

léonor

L'onzième de Juillet.

don fernand

Cet amant si chéri ? [945]
Enfin vous voulez voir

léonor