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Puisqu'avec passion j'ai souhaité connaître
L'homme le plus savant qu'on ait jamais vu naître.
Ah, Jacinte, je tremble, et n'ose m'expliquer.

don fernand

Madame, à ce discours je ne puis répliquer, [810]
Un éloge si haut m'en met dans l'impuissance :
Je possède en effet quelque faible science,
Mais...

léonor

Non, non, c'est en vain que vous vous ravalez,
Je sais votre mérite et ce que vous valez,
Et que faire parler un corps privé de vie [815]
N'est que le moindre effet de votre astrologie.

don fernand

Ce que vous en croyez m'est trop avantageux,
Mais puis-je vous servir ? Je m'en tiendrais heureux.

léonor

Ah, Don Fernand. D'où vient que votre coeur soupire ?

léonor

Vous pourriez m'épargner la honte de le dire. [820]
Puisque ce haut savoir dont chacun est jaloux
Vous fait connaître assez ce que je veux de vous.

don fernand

Et par cette raison votre raison est vaine,
Car enfin si je sais le sujet qui vous mène,
Ce que vous me direz en cette occasion [825]
Ne saurait augmenter votre confusion.

léonor

Mais que vous servira d'entendre ma faiblesse ?
Vous ne savez que trop le désir qui me presse,
Me montrer à vos yeux, c'est vous ouvrir mon coeur :
Ne me traitez donc point avec tant de rigueur, [830]
Et puisqu'à vous parler je suis si peu hardie
Faites ce que je veux sans que je vous le die.

philipin

à Don Fernand
Elle dit bien, Monsieur, songez à l'obliger.

don fernand

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