Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
MÉDÉE.

Créon, sur ton pouvoir cesse de t’aveugler.
Tu prends une trompeuse idée
De te croire en état de me faire la loi ;
Quand tu te vantes d’être roi,
Souviens-toi que je suis Médée.

CRÉON.

Cet orgueil peut-il s’égaler !

MÉDÉE.

Sur l’hymen de ta fille il m’a plu de parler ;
En vain mon audace t’étonne.
Plus puissante que toi dans tes propres États,
C’est moi qui le veux, qui l’ordonne :
Tremble si tu n’obéis pas.

CRÉON.

Ah ! c’est trop en souffrir ; Gardes, qu’on la saisisse.
  Les Gardes vont pour saisir Médée, elle les touche de sa baguette, & en même temps ils tournent leurs armes les uns contre les autres.

CRÉON.

Que vois-je ! ah, justes Dieux !
Par quel mouvement furieux,
Vouloir que par vos mains chacun de vous périsse.

MÉDÉE.

Montre ici ta puissance à retenir leurs bras ;
Sois Roi, si tu peux l’être, & suspens leurs combats.
Créon veut s’avancer vers Médée, & les gardes l’environnent pour l’arrêter.