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Scène II

Créüse, Jason, Cléone.

JASON.

Ah ! Que d’attraits, que de grâces nouvelles ?
À voir ce vif éclat que mes yeux sont contents !
Des fleurs que produit le printemps
Les couleurs ne sont point si belles.
Ah ! que d’attraits, que de grâces nouvelles ?

CRÉÜSE.

Si j’ai quelques appas assez vifs pour toucher,
S’ils brillent plus qu’à l’ordinaire ;
Cet avantage ne m’est cher,
Que par la gloire de vous plaire.

JASON.

Quels feux nouveaux dans mon coeur
Cette assurance fait naître ?
N’ont-ils point assez d’ardeur ?
Pourquoy chercher à l’accroître ?

CRÉÜSE.

Si cette ardeur peut s’augmenter,
Croyez-vous qu’en vouloir borner la violence,
Ce ne soit pas une offense
Capable de m’irriter ?
D’un amour qui se ménage
Les cœurs tendres sont blessez.
Malgré les vœux empressez
Qui m’assurent votre hommage,
Pouvant m’aimer davantage,