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Souffrirez-vous cet hyménée ?
C’en est fait, on m’y force, il faut briser les nœuds
Qui m’attachent à ce perfide.
Puisque mon désespoir n’a rien qui l’intimide,
Voyons quel doux succès suivra ses nouveaux feux.
Pour qui cherche ma mort je puis être barbare,
La vengeance doit seule occuper tous mes soins ;
Faisons tomber sur lui les maux qu’il me prépare,
Et que le crime nous sépare,
Comme le crime nous a joints.

NÉRINE.

Avant que d’éclater, rappelez dans son âme
Le souvenir de sa première flamme.

MÉDÉE.

Malgré sa noire trahison,
Je sens que ma tendresse est toujours la plus forte ;
Mais Corinthe, le Roi, la Princesse, Jason,
Tout doit trembler si je m’emporte.
N’en délibérons plus. Vous qui m’obéissez,
Esprits à me plaire empressez,
Volez, apportez-moi cette robe fatale
Que je destine à ma rivale.
Il paroît ici des Esprits en l’air qui disparaissent aussitôt.
Des poisons que j’y vais verser
Je suspendrai la violence,
Et je ne les ferai servir à ma vengeance