Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène II

.
Médée, Jason.

MÉDÉE.

Vous savez l’exil qu’on m’ordonne.
Venez-vous me dire en quels lieux,
Lors que tout ici m’abandonne,
Je dois fuir le courroux des Dieux.
En vain j’irai partout, dans l’excès de ma peine,
De cet injuste arrêt leur demander raison ;
Les crimes que j’ai faits pour trop aimer Jason,
De l’Univers entier m’ont attiré la haine.
La Thessalie arme contre mes jours,
Colchos a résolu mon trop juste supplice ;
Le seul Jason me restoit pour secours,
Et ce Jason si cher permet qu’on me bannisse.

JASON.

N’appelez point exil, un triste éloignement
Que l’honneur à souffrir m’engage.
J’en ressens le coup en amant,
J’en gémis, je m’en fais un rigoureux tourment,
Mais je ne puis rien davantage.
Voulez-vous que je quitte un roi,
Qui pour épargner votre teste,
Attend sans s’ébranler, l’éclat de la tempête
Qui remplit son peuple d’effroi ?
Voyons finir la guerre, & le coup qui vous blesse
Pour un temps seulement nous aura séparés.