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Que Jason obtienne du Roi,
Que par l’hymen de la Princesse
Demain il couronne ma foi.
Alors dans mes États Jason pourra vous suivre,
Et si vos Ennemis veulent vous désunir,
Vous me verrez cesser de vivre,
Si je diffère à les punir.

MÉDÉE.

Vous ignorez ce qui se passe.
Il faut vous découvrir par quelle trahison
On veut m’éloigner de Jason ;
Il faut vous faire voir jusqu’où va ma disgrâce.
Tremblez, Prince ; mes maux enfin trop confirmez
En m’accablant retombent sur vous-même.
Jason me trahit, Jason aime,
Et peut-être est aimé de ce que vous aimez.

ORONTE.

Ciel, que me dites-vous ! je perdrois la princesse !
Au mépris de mes vœux elle aimeroit Jason ?

MÉDÉE.

N’en doutez pas, ma présence les blesse,
Je fais obstacle à leur tendresse,
C’est là de mon exil la pressante raison.

ORONTE.

En vain je voudrois me le taire.
On vous bannit, mon hymen se diffère.
J’ouvre les yeux sur mon malheur.
Tout me le dit, j’en vois la certitude.
Qui l’auroit cru, que tant d’ingratitude