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Scène II

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Médée, Jason, Nérine, Arcas.

MÉDÉE.

D’où vous vient cet air sombre, & qu’allez-vous m’apprendre ?
Créon nous voudroit-il bannir de ses États ?

JASON.

Créon redoute Acaste, & ne s’explique pas ;
Mais contre nous quoyqu’on puisse entreprendre,
Du moins pour nos enfants j’ai su fléchir les Dieux.
S’il faut d’un fier destin suivre la loi cruelle,
Ils trouveront un asile en ces lieux ;
La Princesse les doit retenir auprès d’elle.

MÉDÉE.

C’est être généreuse.

JASON.

Elle me laisse voir
Que nous pouvons espérer d’avantage.
Sur son père elle a tout pouvoir
Et j’attends tout du zèle où sa bonté l’engage.

MÉDÉE.

L’ardeur que vous montrez à lui faire la cour…

JASON.

Ignorez-vous d’un père où va le tendre amour ?

MÉDÉE.

Pour nous la rendre favorable,
Vos soins trop assidus devroient vous alarmer.
Une douce habitude est facile à former ;