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L’amour que j’ai pour lui, me le dit, m’en assure,
Et l’amour ne se trompe pas.

NÉRINE.

Un mouvement jaloux vous le peint infidèle
Mais d’injustes soupçons troublent votre repos ;
Créuse est destinée au souverain d’Argos.
Sur quel espoir Jason brûleroit-il pour elle ?

MÉDÉE.

Je sais qu’Oronte est prêt d’arriver en ces lieux ;
Il vient rempli d’un espoir glorieux :
Mais à le recevoir si Corinthe s’apprête,
Ce n’est point son hymen qui le fait souhaiter.
Il s’élève contre elle une affreuse tempête,
Son secours la peut écarter.

NÉRINE.

Acaste contre vous arme la Thessalie.
La cruelle mort de Pelie
Vous rend l’objet de sa fureur.
Si Créon ne vous abandonne,
De la guerre en ces lieux il va porter l’horreur ;
Et lorsqu’en ce péril, comme l’amour l’ordonne,
Jason veut de Créüse acquérir la faveur,
Faut-il que ce soin vous étonne ?

MÉDÉE.

Qu’il soit abandonné de Créüse & du roi,
S’il lui faut un appui, ne l’a-t-il pas en moi ?
Quand de Colchos il prit la fuite,
Maître de la riche Toison,
Mon père eut beau s’armer contre ma trahison,
Quel fut l’effet de sa poursuite ?