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Ayant ainsi satisfait ma passion, je m’éloignai de lui en lui témoignant toute ma reconnaissance.

Tel fut le récit de cette joyeuse commère.


VIII

Le Prisonnier.


La huitième de ces femmes entama ainsi sa narration :

Votre servante, Effendi, est fille de geôlier ; on vantait chez moi une beauté et une amabilité rares ; c’était par charité pour les détenus que mon père et ma mère s’étaient résolus à se faire gardiens de prison.

J’avais à peine atteint ma dixième année qu’un jeune garçon de la suite du padischah fut incarcéré dans notre prison : il était plus agréable à voir que la lune dans son plein.

Un redoublement de surveillance et de vigilance fut prescrit à son égard et, d’après les ordres du grand-vizir, il fut chargé de chaînes pesantes, rivées à ses chevilles. En vue de veiller sur lui avec plus de soin, mon père me prescrivit de ne pas le quitter des yeux ; lui, de son côté, exerçait une attentive garde.

J’observai le trouble de son âme et de sa parole, sa beauté et ses grâces et m’appliquai à deviner