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tance ; je pousse un cri de surprise et tout mon sang reflue vers mon cerveau. Ce n’était toutefois là qu’une feinte car, aussitôt, il met le poignard à la main et menace de me tuer si je ne me tais : terrifiée, je gardai le silence et m’assis.

— Ma fille, me dit alors celle qui m’avait amenée, je t’ai conduite ici pour te mettre à même de goûter, avec ce jeune homme à la figure d’ange, les plus doux plaisirs. Pourquoi te montrerais-tu indocile et passerais-tu les jours et les nuits à te lamenter ? Ne t’abandonne point à pareille opiniâtreté.

Puis elle s’étend jusqu’à m’ennuyer sur les avantages de l’amour. Cependant mon visage, mon regard et mon attitude témoignaient d’un sentiment de crainte.

— Mets de côté, me dit-elle, toute fâcheuse idée ; si tu veux m’en croire, livre-toi docilement à lui il faut profiter du moment où l’on est jeune pour se livrer aux plaisirs de la coupe et de l’amour.

Ainsi parle-t-elle, puis elle nous quitte.

À ce moment on apporte mets et boissons tout préparés ; je persévérai, toutefois, dans ma réserve et ne voulus rien accepter. À la vue de ma timidité le jeune homme se met en colère, il s’agite et se lève.

— Apprends, s’écrie-t-il, que je ne reculerai devant aucun moyen pour te posséder ; n’espère donc pas