Page:Tīfāšī - Le Livre de volupté, 1878.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 41 —

— Votre servante, Effendi, n’a point été comblée des dons de la fortune, mais, grâce à d’aimables jeunes gens, je recevais habits, parures et argent. Certain jour une dame voisine vint me visiter. J’étais en ce moment en froid avec mon amant pour une cause futile, et j’en éprouvais quelque tristesse. Informée du fait, elle m’en blâmait.

— Pleurez, me disait-elle ; comment trouverez-vous encore pour amant un pareil jeune homme ? Vous semblez ignorer quelle faute vous avez commise ; qui pourrait jamais vous en témoigner indulgence et miséricorde ? Nul ne peut lui être comparé pour le fait d’amour, aucun ne peut s’y livrer si longtemps et avec une telle ardeur, personne n’aime plus que lui procéder à la confection d’enfants ! Qui ne connaît de quelle façon il est armé et quelles jouissances il procure ! Il est de ceux qui ont toujours à tirer un chat noir de leur sac, un de ces hommes vraiment insatiables !

Ainsi elle ne cessait de parler et de mêler des conseils à ses discours ; elle ne s’arrêta que quand les forces lui manquèrent. Émue de ce qu’elle m’avait dit, je sentis le chagrin s’emparer de mon cœur et le désir sensuel m’agiter tout entière.

— Ma chère voisine, lui dis-je, savez-vous que la passion du plaisir me fait perdre patience et repos ! Comment pensez-vous que je doive me conduire pour me satisfaire ?