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lieu de plaisance éminemment propre à de pareilles parties, car il avait fait construire ce château avec une magnificence digne d’Hatim-Thâï.

Pendant qu’ils jouissaient de la vue de ce bel endroit, des mets choisis circulaient, ils se livraient à la joie et aux plaisirs, aux ris et à une douce gaieté. Comme de coutume la guitare et les castagnettes se faisaient entendre et des danseurs s’appliquaient à récréer l’œil des convives qui, pendant ce temps, buvaient où se livraient à une conversation croustillante, émaillée de récits grivois. Ils s’entretenaient ainsi quand quelques uns d’entre eux émirent la pensée que le commerce charnel affaiblit successivement l’homme que, graduellement, il y trouve moins de jouissance et qu’enfin il n’y a aucun avantage à se livrer à ce genre de plaisir.

En les entendant parler ainsi Koutb-Eddin, le fils du vizir, ne put s’empêcher de les interrompre : — Vous parlez là, leur dit-il, d’une chose que j’ai le bonheur d’ignorer ; ce dont je voudrais être instruit, ajoute-t-il pour changer de sujet, c’est des secrets de ces dames.

À ces mots toutes se lèvent et s’avancent vers lui.

— Ce que je désirerais savoir de vous toutes, ajoute-t-il, c’est le détail de l’aventure d’amour où chacune de vous a pris le plus de plaisir ; entrez, à ce propos, dans les plus infimes détails, évitez surtout le mensonge : vous serez comblées de mes bienfaits si, en toute vérité, vous dévoilez vos plus intimes pensées.